Ce n’est pas qu’une impression, mais bel et bien une avancée sur-mesure pour le traitement du cancer du rein. Derrière cette promesse inédite nous retrouvons : le CHU de Bordeaux, le CHU de Grenoble, l’Université de Bordeaux, le CNRS. Mais aussi les sociétés Fujifilm France, RESCOLL, Sophia genetics et SurgAR. L’émulation et la dynamique d’innovation collaborative se sont véritablement cristallisées dans ce projet de Recherche Hospitalo-Universitaire (RHU), DIGITAL UROLOGY 3D, porté par ces lauréats du programme national d’Investissements d’Avenir.
Il ne faudra pas moins de 5 années de dur labeur et plus de 18 millions d’euros pour changer, à l’aide des technologies 3D, la façon dont la chirurgie rénale est pratiquée, enseignée mais aussi vécue par les patients. À venir : l’inclusion de 1200 patients dans 4 essais cliniques,
2 études de validation de produits, une cohorte de prédictions de caractéristiques biomécaniques du rein tumoral à partir de l’imagerie médicale, 5 tâches de recherche et développement… C’est un véritable consortium humain et de techniques de pointe que rassemble cette aventure : traitement de l’imagerie médicale, intelligence artificielle, radiomique, réalités virtuelle et augmentée, impression 3D, simulation chirurgicale… Et ce n’est pas peine perdue ! Il s’agit bien d’une promesse d’avenir pleine d’ambitions pour le secteur médical. Les nouveaux modèles de reins tridimensionnels, constitués de polymères souples, permettront une prise en charge optimale, personnalisée et centrée sur les patients.
Le projet comporte trois axes de travail sur la chirurgie en réalité virtuelle et augmentée, l’amélioration de l’expérience patient et l’impression 3D de modèles biomimétiques. Sur ce dernier point, la SRC RESCOLL et le Centre de Recherches Paul Pascal s’attèleront à procéder – entre autres – aux caractérisations mécaniques et physico-chimiques des organes, puis à la validation des performances physico-chimiques, mécaniques et thermiques des produits obtenus par fabrication additive de modèles virtuels. Les matériaux imprimables seront spécifiquement formulés pour que chaque modèle soit le plus représentatif de la pathologie et de l’anatomie du patient, en vue de l’optimisation de chaque acte chirurgical. Le défi de taille consiste à réaliser des modèles fidèles d’un point de vue physique et mécanique, mais également de simuler les propriétés in-vivo de l’organe, tels que la réponse à l’incision, la suturabilité ou la perfusion. Les matériaux micro-réticulés pourront ainsi, par exemple, simuler le saignement à l’incision.
Les chirurgiens pourront ainsi mieux planifier l’intervention et augmenter la précision du geste. Aussi, ces reins artificiels ont une portée éducative et informative. Ils permettront aux patients de voir concrètement et spécifiquement comment l’acte sera effectué. Avec ces copies artificielles conformes à leurs reins, ils pourront cerner comment se présente leur pathologie tumorale physiquement sur leur organe, et être rassurés sur la logique et le déroulé de l’intervention.
Le Professeur Jean-Christophe Bernhard, Professeur des Universités-Praticien Hospitalier au CHU de Bordeaux, et coordonnateur du projet a également imaginé une autre manière d’utiliser ces impressions : « nous avons la volonté d’améliorer la qualité du geste chirurgical et de l’interaction soignant-soigné mais aussi de proposer de nouvelles modalités d’entraînement et formation des jeunes générations de chirurgiens ».
Améliorer la formation chirurgicale grâce à des méthodes innovantes de simulation spécifique aux patients est un des axes majeurs sur lequel les équipes se sont concentrées.
Le Professeur salue sincèrement « ce financement signe la reconnaissance par un jury international et le gouvernement français de l’excellence chirurgicale, scientifique et technique du consortium coordonné par le CHU de Bordeaux. C’est aussi la confirmation de la pertinence d’une structuration nationale des efforts de recherche sur le cancer du rein apportée par le réseau UroCCR pour développer une dynamique d’innovation collaborative. Le projet Digital Urology 3D porte une vision ambitieuse mais pragmatique du futur de la chirurgie rénale en s’appuyant sur les technologies tridimensionnelles et le Digital.»